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des bars et des bouquins...
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durluche
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des bars et des bouquins...
chez nous, les enfants sont admis dans les bars. c'est même l'une des rares lois locales que j'approuve.
personnellement, c'est dans les bars que j'avais mes meilleurs souvenirs d'enfance. evidemment, j'avais connu les zoos, les colonies de vacances, les promenades en famille et même la vieille prof d'anglais aux cheveux argentés qui m'a inculqué l'amour des belles lettres: mais à côté des bars, tout ça ne comptait pas. je me souvenais des bars des clubs sportifs, des salles de bowling où, pourvu d'une inépuisable provision de jetons, je trouvais toujours une boule convenant à ma petite main d'enfant. je me souvenais des bars de cow-boys où tous les hommes portaient des bottes, toujours un peu usées à l'endroit des éperons. je me souvenais des bars chics et sombres où les grandes personnes se parlaient à mi-voix de choses sans doute importantes. oui, je me souvenais de tout cela, et cela me procurait un intense plaisir. je me souvenais de ce vieux type qui devait avoir plus de quatre-vingt ans, et dont les bras noueux étaient si robustes d'avoir tant retourné la terre qu'avec un seul, il parvenait encore à me soulever du sol. je me souvenais de cette ancienne trapéziste qui m'avait appris quelques trucs du métier. je me souvenais aussi de toutes les histoires, de tous les bars et de tous les ivrognes au milieu desquels mon père me promenait, comme si j'étais son porte-bonheur, son ami, sa fierté et sa joie.
après sa mort, les bars me manquèrent autant qu'à un alcoolique en renonce. à y repenser aujourd'hui, je songe parfois qu'en courant ainsi après ses vieux vêtements, je ne cherchais qu'une excuse pour fréquenter à nouveau ses endroits. en tout cas, j'étais content que chez nous, les enfants soient admis dans les bars. ainsi, ils ne trainaient pas les rues; ainsi, la famille pouvait rester soudée et l'enfant pouvait très tôt découvrir un monde où les petits errements de l'existence étaient vite pardonnés, avec un haussement d'épaules: "bah! il était juste un peu saoul, pas la peine d'en faire tout un plat."
(james crumley, fausse piste)
personnellement, c'est dans les bars que j'avais mes meilleurs souvenirs d'enfance. evidemment, j'avais connu les zoos, les colonies de vacances, les promenades en famille et même la vieille prof d'anglais aux cheveux argentés qui m'a inculqué l'amour des belles lettres: mais à côté des bars, tout ça ne comptait pas. je me souvenais des bars des clubs sportifs, des salles de bowling où, pourvu d'une inépuisable provision de jetons, je trouvais toujours une boule convenant à ma petite main d'enfant. je me souvenais des bars de cow-boys où tous les hommes portaient des bottes, toujours un peu usées à l'endroit des éperons. je me souvenais des bars chics et sombres où les grandes personnes se parlaient à mi-voix de choses sans doute importantes. oui, je me souvenais de tout cela, et cela me procurait un intense plaisir. je me souvenais de ce vieux type qui devait avoir plus de quatre-vingt ans, et dont les bras noueux étaient si robustes d'avoir tant retourné la terre qu'avec un seul, il parvenait encore à me soulever du sol. je me souvenais de cette ancienne trapéziste qui m'avait appris quelques trucs du métier. je me souvenais aussi de toutes les histoires, de tous les bars et de tous les ivrognes au milieu desquels mon père me promenait, comme si j'étais son porte-bonheur, son ami, sa fierté et sa joie.
après sa mort, les bars me manquèrent autant qu'à un alcoolique en renonce. à y repenser aujourd'hui, je songe parfois qu'en courant ainsi après ses vieux vêtements, je ne cherchais qu'une excuse pour fréquenter à nouveau ses endroits. en tout cas, j'étais content que chez nous, les enfants soient admis dans les bars. ainsi, ils ne trainaient pas les rues; ainsi, la famille pouvait rester soudée et l'enfant pouvait très tôt découvrir un monde où les petits errements de l'existence étaient vite pardonnés, avec un haussement d'épaules: "bah! il était juste un peu saoul, pas la peine d'en faire tout un plat."
(james crumley, fausse piste)
sun- double-picon
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Localisation : DTC!
Date d'inscription : 08/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
Oooh je croyais que tu parlais de ton enfance...
Sympathique topic en tout cas, dommage que je lise si peu...
Sympathique topic en tout cas, dommage que je lise si peu...
Re: des bars et des bouquins...
Hé, Donk, faut que je te dise que mon amie d'enfance à moi qu'était au concert d'Anaïs Kaël elle te trouve un air de JP Daroussin dans Un air de famille, tout ça pour dire que tu peux toujours faire comme lui, et lire derrière ton bar.
Ou alors installer un Jude boxe et te mettre à danser le rock!
Ou alors installer un Jude boxe et te mettre à danser le rock!
Re: des bars et des bouquins...
ben gazo, si ça peut te donner envie de lire....
sun- double-picon
- Nombre de messages : 545
Localisation : DTC!
Date d'inscription : 08/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
mais je lis moi
tous les soirs avant de dormir
gazo- picon citron
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Localisation : banlieue rouge
Date d'inscription : 17/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
désolée, je sais pas pourquoi j'ai pris donk pour toi
ha!
sun- double-picon
- Nombre de messages : 545
Localisation : DTC!
Date d'inscription : 08/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
donc, si ça peut donner envie de lire à donk!
sun- double-picon
- Nombre de messages : 545
Localisation : DTC!
Date d'inscription : 08/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
me confondre avec donk
t'as arrete stupeflip et je fume pudshit pour avoir des hallus commas
t'as arrete stupeflip et je fume pudshit pour avoir des hallus commas
gazo- picon citron
- Nombre de messages : 314
Localisation : banlieue rouge
Date d'inscription : 17/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
en même temps, je lis des forums pendant mon temps libre... des mails... je lis vos connerie, et des infos sur le cinéma, il m'arrive même de lire des articles dans le journal...
Re: des bars et des bouquins...
et un chti bouquin d' cul de temps à autres, non?
durluche- Boulet
- Nombre de messages : 614
Age : 52
Localisation : dans ton cul (pour faire plaisir à loopy)
Date d'inscription : 09/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
hmmm j'ai essayé mais Gérard de Villiers me passionne autant que Zola, Nietsche ou Kundera...
Re: des bars et des bouquins...
pfff, c'est même pas ça qu'il faut lire....
si on lisait ça, bin on lirait plus
si on lisait ça, bin on lirait plus
abda- picon sans citron
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Age : 47
Localisation : sur mars
Date d'inscription : 11/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
PersO, j'ai cOmmencé l'ignOrance de Kundera mais pfiOuh à ni rien cOmprendre..! J'vOus cOnseille The picture Of dOrian Gray by Oscar Wilde (le pOrtrait de dOrian gray en français!!): il est bien dans les 2 langues!
pseudOmanquant- picon citron
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Age : 35
Localisation : Réding
Date d'inscription : 07/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
oh mais fallait peut-être pas commencer par l'ignorance dans l'oeuvre de kundera!
j'en ai lu quelques uns il ya longtemps et j'avais ça très réjouissant, comme le livre du rire et de l'oubli, par exemple
il est assez décousu dans le récit, c'est sûr, mais on retire de la lecture une impression très subtile des sentiments de l'auteur... mais ce côté mélancolique peut aussi être légèrement déprimant
j'en ai lu quelques uns il ya longtemps et j'avais ça très réjouissant, comme le livre du rire et de l'oubli, par exemple
il est assez décousu dans le récit, c'est sûr, mais on retire de la lecture une impression très subtile des sentiments de l'auteur... mais ce côté mélancolique peut aussi être légèrement déprimant
sun- double-picon
- Nombre de messages : 545
Localisation : DTC!
Date d'inscription : 08/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
Il fallait bien cOmmencer par quelque chOse ^^ mais je n'ai pas fait le bOn chOix apparemment..!!
pseudOmanquant- picon citron
- Nombre de messages : 306
Age : 35
Localisation : Réding
Date d'inscription : 07/05/2006
again
- mon fils, commença-t-il sans s'embarrasser de préléminaires, ne va jamais faire confiance à quelqu'un qui ne boit pas. c'est probablement aussi quelqu'un qui se croit meilleur que les autres, quelqu'un qui croit tout savoir. parmis ces gens-là, tu trouveras peut-être des hommes de bien, mais songe que c'est précisement au nom de ce bien qu'il attirent bien des calamités sur le pauvre monde. car ils se posent en juges et se mêlent toujours de ce qui ne les regarde pas. méfie toi particulièrement de ceux qui boivent en faisant bien attention de ne pas se saouler ; la plupart du temps, ils agissent ainsi parce qu'ils redoutent de libérer ce qu'il gardent en leur coeur. ce peut être la lâcheté, la bêtise, la méchanceté ou la violence. quoi qu'il en soit, il n'est pas bon d'accorder sa confiance à un homme qui se craint lui-même. mais parfois fils, parfois, tu pourras faire confiance à celui qui s'agenouille devant une cuvette de WC. il y a une chance pour qu'il prenne là une bonne leçon d'humilité, une chance qu'il comprenne la vanité de sa condition et qu'il apprenne à vivre en se supportant. car, vois-tu, il n'est pas facile de se prendre au sérieux quand on est en train de cracher tripes et boyaux dans une vieille cuvette de WC toute sale.
il resta une longue minute sans rien dire, puis ajouta:
- et surtout, fils, prends bien garde de ne jamais faire confiance à un ivrogne, à moins de le trouver dans cette posture.
si mon père en était resté là, son discours me serait sans doute demeuré obscur, mais il leva alors son verre vide, dans un geste qui embrassait toute la vue. le vert riche et franc des pâturages s'obscurcissaient peu à peu, devenant bientôt aussi sombre que les crêtes hérissées de pins, mais le ciel demeurait encore limpide, d'un bleu égal et lumineux. une unique trainée de nuages prenait le ciel en travers, tel un long panache de fumée dont le bout, très loin à l'horizon, brillait d'un rouge violent, comme s'il avait été trempé dans le sang. mais à moindre distance, les nuages n'étaient plus que teintés de rose, et au-dessus de nos têtes, ils se dissolvaient en fils de vapeur cendreuse.
- jolie vue, pas vrai, fils?
- oh! oui, père.
- et pourtant ça ne suffit pas, dit-il dans un sourire, avant de retourner dans le bar en riant, pour y boire à l'alcool, à l'amour et au rire, en me laissant suspendu dans l'immensité.
james crumley, fausse piste
il resta une longue minute sans rien dire, puis ajouta:
- et surtout, fils, prends bien garde de ne jamais faire confiance à un ivrogne, à moins de le trouver dans cette posture.
si mon père en était resté là, son discours me serait sans doute demeuré obscur, mais il leva alors son verre vide, dans un geste qui embrassait toute la vue. le vert riche et franc des pâturages s'obscurcissaient peu à peu, devenant bientôt aussi sombre que les crêtes hérissées de pins, mais le ciel demeurait encore limpide, d'un bleu égal et lumineux. une unique trainée de nuages prenait le ciel en travers, tel un long panache de fumée dont le bout, très loin à l'horizon, brillait d'un rouge violent, comme s'il avait été trempé dans le sang. mais à moindre distance, les nuages n'étaient plus que teintés de rose, et au-dessus de nos têtes, ils se dissolvaient en fils de vapeur cendreuse.
- jolie vue, pas vrai, fils?
- oh! oui, père.
- et pourtant ça ne suffit pas, dit-il dans un sourire, avant de retourner dans le bar en riant, pour y boire à l'alcool, à l'amour et au rire, en me laissant suspendu dans l'immensité.
james crumley, fausse piste
sun- double-picon
- Nombre de messages : 545
Localisation : DTC!
Date d'inscription : 08/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
« À MORT LE FOOT
Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur le gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied. Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football.
Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints. Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grand coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ?
Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois : le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ca ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper.
Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait : «Ah, la fille !» ou bien : «Tiens, il est malade», tellement l'idée d'anormalité est solidement solidaire de la non-footabilité. Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades.
Pouf, pouf. »
Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire, 16 juin 1986
Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur le gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied. Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football.
Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints. Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grand coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ?
Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois : le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ca ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper.
Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait : «Ah, la fille !» ou bien : «Tiens, il est malade», tellement l'idée d'anormalité est solidement solidaire de la non-footabilité. Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades.
Pouf, pouf. »
Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire, 16 juin 1986
sun- double-picon
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Localisation : DTC!
Date d'inscription : 08/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
ça me fait du bien de lire ça...
ben- double-picon
- Nombre de messages : 432
Age : 45
Localisation : Fort City
Date d'inscription : 07/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
sun a écrit:« À MORT LE FOOT
Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur le gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied. Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football.
Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints. Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grand coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ?
Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois : le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ca ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper.
Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait : «Ah, la fille !» ou bien : «Tiens, il est malade», tellement l'idée d'anormalité est solidement solidaire de la non-footabilité. Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades.
Pouf, pouf. »
Pierre Desproges, Chroniques de la haine ordinaire, 16 juin 1986
Ricky_Banlieue- picon sans citron
- Nombre de messages : 221
Age : 60
Date d'inscription : 05/06/2006
Re: des bars et des bouquins...
Merveilleux Pierre Desproges, avec qui je partage ces énigmatiques initiales. Raymond Devos l'a rejoint hier, paix à son âme, l'ère des Bigard, Robin et Sebastien est désormais légion...
gazo- picon citron
- Nombre de messages : 314
Localisation : banlieue rouge
Date d'inscription : 17/05/2006
Re: des bars et des bouquins...
prout prout patacon, entartons, toute la legion!!
durluche- Boulet
- Nombre de messages : 614
Age : 52
Localisation : dans ton cul (pour faire plaisir à loopy)
Date d'inscription : 09/05/2006
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